“Startup Nation”, mais sans les femmes ?

Adrien Chaltiel
5 min readSep 2, 2017

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2017. Un gouvernement et un parlement plus équilibrés, un secrétariat d’état à l’égalité entre les hommes et les femmes, de nouvelles obligations pour les entreprises en termes d’égalité professionnelle…mais disons-le, nous sommes loin du compte au sein de notre écosystème Start-up.

Les Unes du Point et du Magazine Capital en août 2017 (…2017, oui).

A en croire les Unes du Magazine Capital (n°311), et du journal Le Point (n°2345) d’Août 2017, certains journalistes ont eu très chaud pendant l’été.

  • Pour le Magazine Capital : une photo de 11 entrepreneurs talentueux et ambitieux, tous hommes, tous habillés de la même manière pour illustrer pourquoi “Nos Start-ups vont enfin jouer dans la cour des grands”. Suivi d’une double-page citant plus de 25 noms de l’écosystème (entrepreneurs, investisseurs…), 25 hommes.
  • Pour Le Point, un dossier complet sur “les penseurs les plus influents du monde” qui seraient les entrepreneurs de la Silicon Valley. 25 pages de photos et de textes sans la moindre mention d’une femme (un paragraphe regrette le manque de “penseurs” féminins).

Voilà, voilà.

Mad Men & misogynie ordinaire

Difficile de blâmer les entrepreneurs qui ont été choisis pour illustrer l’article. Ils sont tous talentueux et représentent la tendance actuelle de l’attractivité croissantes de notre écosystème.

Le malaise est pourtant bien là, l’image a fait réagir, et à juste titre. Grâce aux réseaux sociaux, il est possible de voir les réactions choquées de la plupart des personnes. Mais aussi quelques réponses surprenantes comme “dans d’autre milieu c’est le cas, et personne ne s’offusque (banques, avocats)” ou “et alors, ils ont réussi, on n’a pas le droit de les mettre en avant sans être obliger d’ajouter 3 ou 4 femmes ?”.

Au delà de l’image elle-même qui a marqué, c’est surtout qu’elle ne correspond plus à la réalité de notre société. La misogynie ordinaire n’a plus lieu d’être et les journalistes qui ne l’intègrent pas, doivent changer de ligne éditoriale.

Une ligne éditoriale assumée.

Il n’est pas question de se rattraper à mentionner les articles récents faisant la promotion des “femmes de la tech”. Mais l’objectif serait que dans les articles généralistes, où il n’est pas question de genre ou d’origine des entrepreneur(e)s, la diversité soit représentée. Sans cela, rien ne changera, rien n’évoluera.

Constater, réagir, agir.

Sans rentrer dans des débats sur la condition féminine dans les Start-ups en 2017, les constats sont les suivants :

  • Les levées de fonds dans les Start-ups dirigées par des femmes ne représentent que 7% des montants levés en 2016 (article de La Tribune)
  • 81% des créateurs de projet sont des hommes, 60% ont entre 25 et 34 ans et 83% sont issus de grande (source),
  • 7 employés sur 10 sont des hommes dans la Silicon Valley (source crunchbase).
Nos Pépites de la Tech en 1925

Les femmes sont encore moins représentées que dans d’autres secteurs d’activité en France. Alors oui, le niveau des statistiques ne plaide pas en leur faveur. Mais ce n’est pas ce genre d’articles qui donneront envie à des entrepreneurEs de se lancer, ou à des investisseur de faire confiance à des femme pour créer des business performants, globaux et/ou à forte valeur ajoutée technologique. Déjà sous-représentées en général dans le milieu technologique (écoles, direction, etc.), les femmes sont mécaniquement moins présentes au moment de lever des fonds. Et cela doit changer.

#JamaisSansElles ?

Il existe pourtant aujourd’hui beaucoup d’initiative favorisant l’entrepreneuriat au féminin, ou en faisant la promotion : ParisPionnières, StartHer, Girlz In Web, Jamais Sans Elles, Led by Her, femmes du numériques, Femmes Business Angels, Women in Tech

Pour rendre le milieu plus paritaire, ces initiatives sont plus que nécessaires. Tout comme compter de plus en plus de “role models” féminins (Marie Ekeland, Fleur Pellerin, Roxanne Varza…). Leurs multiplications engendrera mécaniquement des vocations nouvelles et un journalisme plus au fait de l’actualité.

Surtout il faut absolument éviter de reproduire un “à formation égale, salaire différent” dans l’économie des Start-up qui serait un “à projet équivalent, levée différente”. Les facteurs de risque doivent être considérés comme les mêmes quel que soit le genre de l’entrepreneur(e) qui le porte (en tant qu’investisseurs, je ne peux réfléchir autrement — mais je doute que certains “facteurs inconscients” continuent d’engendrer des différences de traitement par les VCs en France et dans le monde).

Les articles du Point et de Capital ne plaident pas pour faire évoluer les choses. Mais les réactions nombreuses sur les réseaux sociaux sont un bon début.

Champion des levées, … et de la diversité ?

D’un point de vue personnel, je ne me positionne pas comme un “chevalier” de la cause féminine. Le fait de vivre avec mon temps, et d’avoir une femme entrepreneure (she’s hiring for the best Startups), m’ont fait immédiatement réagir. D’autant que je travaille dans le secteur de l’investissement, très (trop) masculin, et que nous créons des solutions de financement et d’accélération innovante : comment ne pas compter sur une diversité des profils accrue en 2017…?

Certains se sont fendus à juste titre sur les réseaux sociaux qu’il ne fallait pas limiter la Une du Magazine Capital à l’unique représentation masculine. Mais aussi que le manque de diversité ethnique, territoriale, de formation (et même vestimentaire) était frappant.

FrenchTech Diversité

Etre une “Startup nation”, c’est pas que devenir champion des levées de fonds mais aussi d’être champion de la diversité. C’est de cette diversité que l’écosystème trouvera sa force. L’homogénéité étant un danger, surtout dans un secteur où l’émotionnel, la passion et l’histoire personnelle des fondateurs font naître des sociétés uniques.

Et qui de mieux placés que les entrepreneurs pour faire changer les choses ? Chaque entrepreneur a le choix de composer les valeurs de sa Société, et de fixer ses propres règles. Alors fixons-nous des règles communes : ambition internationale, diversité des profils, investissements plus importants, et “Go la FrenchTech” !

Adrien (twitterlinkedin)

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Adrien Chaltiel

Entrepreneur & Investor — CEO & founder www.eldorado.co— I just want to drink coffee, create stuff & sleep.