Récapitulatif de l’écosystème startup en 2019
Après le bilan du financement 2019, Les Pépites Tech et Eldorado vous présente le panorama de l’écosystème français en 2019. Afin d’avoir une vue à 360° de la réalité entrepreneuriale en Hexagone et comprendre les tendances derrière les chiffres, nous avons combiné les données de notre annuaire, de notre plateforme Eldorado et de plusieurs autres ressources. Nombre de startups créées, répartition géographique, dynamiques de financement : on vous dit tout ici 👇🏻
1. Tour d’horizon des startups
L’année 2019 se clôture sur un record d’activité : 5,1 milliards d’euros ont été levés par les startups françaises, soit 40% de plus qu’en 2018 (source : Eldorado). Le nombre de tours a augmenté plus timidement, avec 14% d’opérations recensées en plus. Derrière cette croissance à double vitesse se dessine une plus grande maturité du marché : en démontre la moyenne de ces opérations, passée de 5,7m€ en 2018 à 7,5m€ en 2019.
1.1. Création d’entreprises et création d’emplois
L’année 2019 a enregistré une augmentation de 17,9% du nombre d’entreprises créées en France, alors que l’année précédente avait déjà connu une croissance de 17% (source : Insee). Ce rythme de croisière est la résultante des avancées sociales de la réforme de l’assurance-chômage, des multiples mesures du Président Macron en faveur de l’écosystème ainsi que, plus largement, du climat économique favorable. L’attrait de l’entrepreneuriat se maintient donc, comme en témoigne l’activité sur Les Pépites Tech, qui compte plus de 8500 startups de l’écosystème référencées depuis 2015 : l’année 2019 a ainsi vu 1498 nouvelles startups ajoutées à l’annuaire de la French Tech.
Ces nouvelles startups sont en majorité issues de ces localisations :
- French Tech Grand Paris : 658 nouvelles startups
- Lyon : 50 nouvelles startups
- French Tech Bordeaux : 34 nouvelles startups
- Toulouse : 26 nouvelles startups
- Nantes : 21 nouvelles startups
- Rennes : 15 nouvelles startups
- Montpellier : 15 nouvelles startups
- Marseille : 14 nouvelles startups
- Grenoble : 14 nouvelles startups
- Lille : 12 nouvelles startups
Leurs principaux secteurs de prédilection comprennent la Finance/Fintech, les Services aux entreprises, l’Immobilier, le Marketing Digital, l’E-commerce et le Recrutement/RH.
Parmi ces nouvelles pépites, celles ayant eu le plus de votes de leur communauté cette année sont :
- Loqualist : la plateforme de mise en relation inter-entreprises récolte 219 votes.
- Bobygo : le site innovant d’annonces immobilières récolte 206 votes.
- Proabono : l’outil de gestion d’abonnements des solutions SaaS récolte 182 votes.
- Ideel : la plateforme de gestion des dépenses d’abonnements récolte 168 votes.
- Dealburn.fr : le moteur de recherche du reconditionné et déstockage récolte 156 votes.
Derrière ces nouveaux projets d’entrepreneurs, les retombées économiques sont de taille. La création d’emplois en est une dimension. En effet, les nouveaux diplômés tentent de plus en plus l’aventure entrepreneuriale ou rejoignent des startups en pleine croissance, grâce aux plateformes comme Welcome to the Jungle. Pour retrouver les startups françaises qui emploient le plus de collaborateurs, c’est ici !
1.2. Retour sur les licornes de l’année 2019
💉 Doctolib
Créé en 2013, 266,7m€ levés au total, 824 collaborateurs*
La plateforme de prise et gestion de rendez-vous médicaux a acquis le statut de licorne avec sa Série E de 150m€, réalisée auprès de General Atlantic et de ses investisseurs historiques.
📷 Meero
Créé en 2016, 269m€ levés au total, 1185 collaborateurs*
La plateforme de production de photos et de vidéos pour les professionnels a acquis le statut de licorne avec sa Série C de 205m€, réalisée auprès d’Eurazeo Growth, Prime Ventures et Avenir Growth Capital.
💸 Ivalua
Créé en 2000, 121m€ levés au total, 499 collaborateurs*
Le fournisseur de solutions e-achats et de gestion des dépenses a réalisé une opération de Growth Equity de $60m auprès de Tiger Global Management et Ardian Growth.
👾 Dataiku
Créé en 2013, 133m€ levés au total, 395 collaborateurs*
La plateforme de data science a réalisé une opération de Growth Equity, d’un montant non communiqué, auprès de CapitalG.
* source : Dealroom
1.3. Le top 10 des levées des startups
Les tours de tables se sont fait plus fréquents et ponctuellement très larges avec des méga-deals et de nouvelles licornes, tirant la moyenne des opérations vers le haut. La médiane des deals reste, elle, égale à celle de l’année dernière à 2 millions d’euros. Le top 10 des levées de l’année est constitué des startups suivantes :
- 📷 Meero
- 💉 Doctolib
- 🐛 Ÿnsect
- 🔩 ManoMano
- 🔍 Algolia
- 🔐 Dashlane
- 📡 Sewan Communications
- 🛒 Wynd
- 🔑 Vade Secure
- 📑 PayFit
1.4. Profils féminins émergents
En 2019, les dirigeantes de startups ont levé 169 millions d’euros. Elles constituent 10,3% des entrepreneurs à avoir levé des fonds cette année, mais représentent seulement 3,3% du montant total levé. Cet écart s’explique par des moyennes et médianes d’opérations plus faibles que celles des hommes : elles ont levé en moyenne 3 fois moins que les dirigeants hommes (2,6m€ contre 7,5m€) et la médiane des opérations est divisée par deux. Les plus importantes levées de fonds de CEO femmes en 2019 sont celles de :
- Herow : la plateforme SaaS d’engagement mobile a levé 16,8m€ en octobre auprès de Xerys, Calao Finance et Siparex Proximité Innovation.
- Leavy.co : la plateforme de voyage a levé 14m€ en novembre auprès de Prime Ventures et Dominique Vidal.
- NH TherAguix : spécialisée en nanomédecine, la Medtech a levé 13m€ en avril auprès de Bpifrance, Supernova Invest, Omnes et Arbevel.
- Aelis Farma : la Biotech bordelaise a levé 11m€ en décembre auprès de Région Nouvelle-Aquitaine, Inserm Transfert Initiative, ACI, NACO et Aelis Innovation.
- Ablacare : spécialisée dans le traitement de l’infertilité féminine, la Medtech a levé 10m€ auprès de Sofinnova Partners.
D’autres entrepreneures ont fait parler d’elles cette année, dont Charlotte Cadé (Selency), Julie Chapon (Yuka), Lucie Basch (Too Good To Go), Julia Bijaoui (Frichti), Marjolaine Grondin (Jam), Carole Juge-Llewellyn (Joone), Camille Morvan (Goshaba), Tatiana Jama (Levia.ai), Milie Taing (Lili.ai) pour ne nommer qu’elles.
De plus en plus, l’attention du gouvernement se porte sur les femmes entrepreneures. Elles représentent en effet ⅓ des créations et reprises d’entreprise au niveau national mais seulement 30% fondent des startups (source : Insee 2018). Ainsi, des aides publiques leur sont spécifiquement dédiées, afin de combler l’écart d’accès au financement vis-à-vis des hommes. A noter également la structuration croissante des réseaux et organismes d’accompagnement pour répondre aux besoins des équipes féminines ou mixtes, avec le travail de WILLA (ex-Paris Pionnières), Mona, Les Prem1ères, le programme dédié d’Entreprenarium ou encore l’association StartHer.
2. Tour d’horizon des structures d’accompagnement et de soutien
2.1. Les grandes dates de l’écosystème français en 2019
- CES (Consumer Electronics Show), 8 au 11 janvier 2019
La 52e édition du salon mondial de l’électronique a reçu 380 startups de l’Hexagone, dont le concepteur d’outils collaboratifs Klaxoon, le concepteur d’objets intelligents Withings et l’assistant vocal Snips.
- Maddy Keynote, 31 janvier 2019
Le média Maddyness organise annuellement et depuis 2015 une journée autour du futur des startups et de l’innovation. Cette année, la réflexion portait sur notre rapport au travail, à la consommation et au bien-être en 2084.
- Vivatech, 16 au 18 mai 2019
Le rendez-vous annuel Porte de Versailles a accueilli plus de 120 000 visiteurs cette année. Jack Ma (Alibaba), Jimmy Wales (Wikipedia), Ginni Rometty (IBM), Yong Sohn (Samsung), Stéphane Richard (Orange) et bien d’autres ont partagé leurs expériences et donné les clés pour lever des fonds.
- Bpifrance Inno Génération, 10 octobre 2019
52 000 entrepreneurs ont fait le déplacement cette année pour la 5e édition de Bpifrance Inno Génération. Plus de 20 000 mises en relation ont pu être facilitées entre les divers participants.
- France Digitale Day, 18 septembre 2019
Le Musée des Arts Forains s’est transformé le temps de quelques heures pour accueillir la scène startup parisienne et au-delà. Conférences, dévoilement du Next40, échanges, … la journée s’est clôturée tard dans la nuit.
2.2. Les actions de la French Tech
La French Tech a multiplié les initiatives et engagements au cours des 18 derniers mois : le French Tech Visa, le programme Tremplin (à destination des fondateurs issus de milieux défavorisés), le listing Next40, suivi du très attendu listing French Tech 120 (un programme de soutien à 80 startups en plus de celles de Next40) ont profité à de nombreux entrepreneurs, français et étrangers.
L’ambition derrière l’édition 2019 du Next40 était de démontrer aux investisseurs étrangers le vivier technologique que constitue la France. Communication stratégique, le dévoilement de ce listing a toutefois interrogé quant à la faible représentation de femmes dirigeantes et de startups provinciales. Dans le même temps, la French Tech s’est engagée à oeuvrer pour plus d’inclusion féminine : elle ne sponsorisera ainsi que les événements tech ayant plus de 35% de femmes participants.
Enfin, l’année 2019 s’est clôturée avec la 5ème édition du Noël de la French Tech, une collaboration avec l’annuaire officiel de l’écosystème Les Pépites Tech. Cette action permet de rendre visible les plus beaux produits tech des startups françaises pendant les fêtes de fin d’année et au-delà.
2.3. Les nouvelles structures d’accompagnement
L’année 2019 a vu de nouveaux incubateurs et structures d’accompagnement voir le jour. Parmi eux, on relèvera ceux créés hors de Paris :
- L’incubateur Ti Kub (dédié aux services numériques de la Région Bretagne),
- L’incubateur ZeBox (lancé par le groupe CMA CGM à Marseille)
- Le laboratoire d’innovation LeLab (lancé par CDiscount et proposé à Paris et Bordeaux),
- L’incubateur Côte d’Azur Lab’ (consacré au développement du tourisme d’affaires et de loisirs),
- ou encore l’accélérateur B612 Accélération (à destination des startups de l’aéronautique et du spatial, une collaboration de l’Aerospace Valley et Toulouse Métropole).
3. Tour d’horizon de l’investissement
Plus de 5,1 milliards d’euros ont été investi dans les startups françaises en 2019, grâce à un climat favorable à l’investissement combiné à un écosystème plus dynamique et mature. Les fonds VC ont participé à près de 76% des opérations recensées, suivi par les business angels à 40% ; des taux similaires à l’année précédente. On remarque toutefois une baisse significative des fonds corporate, dont le taux de participation recule de 18% à 7%. Les family offices ont également participé à 2 fois moins de deals.
3.1. Le top des investisseurs, fonds VC et BA
Le palmarès des fonds de capital-risque les plus actifs n’a pas significativement évolué depuis 2018. Kima, Idinvest et Elaia arrivent à nouveau en tête du classement. Pour en retrouver tous les détails, référez-vous à notre bilan du financement 2019.
- Kima Ventures
- Idinvest Partners
- Elaia
- Serena
- Partech
- Go Capital
- Alven
- Daphni
- Supernova Invest
- BNP Paribas Développement
Idem, le classement des BA (et de leurs family offices) n’a pas significativement changé comparé au S1 2019, et seule une femme s’inscrit dans le top 10. Vous pouvez retrouver tous les détails de leur activité dans notre bilan 2019.
- Xavier Niel et son fonds Kima Ventures
- Marc Ménasé et son fonds Founders Future
- Pierre Kosciusko-Morizet et son fonds Kernel Investissements
- Patrice Thiry et son fonds Tomcat Capital
- Michaël Benabou
- Eduardo Ronzano
- Thibaud Elzière et son fonds eFounders
- Chantal Baudron
- Christophe Courtin
- Fabrice Grinda
3.2. De nouveaux fonds portés par des femmes
Près d’1,8 milliard d’euros ont été levés par les GPs français cette année, à travers la création d’une douzaine de nouveaux fonds et véhicules d’investissement. Hi Inov, Axeleo, Elaia, Cathay Innovation, Ace Management, Innovacom, Seventure Partners, Eutopia et Idinvest Partners ont créé de nouveaux véhicules. Les first time funds incluent :
- Gaia Capital Partners : Elina Berrebi et Alice Albizzati ont levé 100 millions d’euros à destination des startups à impact social et environnemental positif. Les fonds ont été levés auprès de Generali Investments, Bpifrance, Sycomore AM, ainsi que des family offices et investisseurs privés.
- Frst : Otium Ventures change de nom et devient Frst, un fonds doté de 60 millions d’euros à destination des startups tech. Les fonds ont été levés auprès du Fonds Européen d’Investissement, du Fonds National d’Amorçage 2 (géré par Bpifrance), d’Axa Venture Partners et d’entrepreneurs.
- Future Positive Capital (Fund I) : Sofia Hmich a levé 57 millions de dollars pour financer les startups deeptech et scientifiques en phase de seed. Le Fonds Européen d’Investissement, Isomer Capital, Draper Esprit et Bpifrance ont participé à l’opération.
- Makesense Seed I : Alizée Lozac’hmeur, Léa Zaslavsky et Coralie Gaudoux ont levé 8,2 millions d’euros à destination des startups de l’économie sociale et solidaire (ESS) en pré-amorçage. Le Fonds Européen d’Investissement, la Banque des Territoires, BNP Paribas, Revital’Emploi et des investisseurs particuliers ont financé le nouveau fonds.
A noter que l’investissement féminin en France ne suit pas les tendances mondiales : si les fonds à destination des femmes et minorités se multiplient à l’étranger (Harlem Capital, Ada Ventures, Plexo Capital, Borski Fund, Unconventional Ventures), les investisseurs français ont plutôt choisi d’intégrer plus d’inclusivité dans leur équipe dirigeante et leur portfolio : la Charte SISTA engage une cinquantaine de fonds à atteindre 30% de femmes au poste de partners, afin d’enclencher un cercle vertueux de financement.
3.3. Une répartition toujours inégale du financement
Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Hauts-de-France et Occitanie sont les régions les plus favorisées pour lever des fonds cette année. L’Île-de-France creuse même son avance par rapport à l’année précédente (en volume et valeur), captant 74% du montant total des levées à travers 441 opérations.
🚀 L’Île-de-France a capté 3,8 milliards d’euros, soit 47% de plus qu’en 2018. La moyenne des opérations connaît également une croissance significative, passant de 7,6m€ à 9,7m€. La médiane croît plus timidement, passant de 2,1m€ à 2,85€.
🚀 L’Auvergne-Rhône-Alpes a capté 413 millions d’euros, soit 46% de plus qu’en 2018. La moyenne des opérations croît légèrement de 5,1m€ à 5,7m€, tandis que la médiane reste quasi identique (2,1m€).
🚀 La région PACA a capté 200 millions d’euros, soit près du double de 2018. La moyenne et la médiane des opérations ont augmenté dans une moindre mesure, passant de 3,7m€ à 5,1m€ et 1,85m€ à 2m€ respectivement.
🚀 Les Hauts-de-France ont capté 147 millions d’euros, soit 39% de plus qu’en 2018. La moyenne des opérations est passée de 4,4m€ à 6,1m€, tandis que la médiane a enregistré une légère baisse (de 1,6m€ à 1,35m€).
🚀 L’Occitanie est la seule région du top 5 dont le total levé a baissé comparé à 2018 : elle a capté 128 millions d’euros, soit 18% de moins que l’année précédente. Si la moyenne a légèrement augmenté (de 2,8m€ à 3,3m€), la médiane a quant à elle baissé de 2m€ à 1,55m€.
4. Climat général de l’entrepreneuriat français
4.1. Le bilan de l’action de Bpifrance
A date de rédaction de l’article, le bilan d’activité le plus récent de Bpifrance est celui du 1er semestre 2019. Au total, plus d’1,1 milliard d’euros a été investi directement dans les startups françaises en 2019 (source : Eldorado). La moyenne des deals s’élève à 11,7 millions d’euros et les opérations s’étalent de 150 000 euros à 150 millions d’euros. Parmi ses investissements marquants de l’année, on retrouve les levées de :
- Doctolib
- Ÿnsect
- ManoMano
- PayFit
- BioSerenity
- TalentSoft
- Vestiaire Collective
- Tissium (Gecko Biomedical)
- Addev Materials
Le 1er semestre 2019 a marqué par le ralentissement de l’activité de financement de l’innovation, en valeur comme en volume. Les prêts et aides à l’innovation ont reculé de 20% comparé au 1er semestre 2018, et 11% de startups de moins en ont bénéficié. Deux raisons à cela : la baisse de l’enveloppe allouée par l’Etat français et la sélectivité croissante des concours et programmes nationaux. Le premier écueil devrait être temporairement résolu avec le débloquement de 5 milliards d’euros supplémentaire récemment annoncé par le Président Macron.
4.2. La French Tech et l’étranger
Ces dernières années ont vu la French Tech s’internationaliser à vitesse grand V. De par sa présence aux grands salons tech étrangers (CES, Slush, TechDisrupt), les success stories françaises (Doctolib, Blablacar, Sigfox), les dispositifs pour attirer les talents étrangers (Pass French Tech) et la part croissante d’investisseurs étrangers, l’Hexagone attire. Même les expatriés contribuent au rayonnement du pays : Barcelone, Montréal et Hong-Kong constituent les communautés étrangères les plus actives (source : LPT, chiffres 2019).
Le gouvernement français et le Secrétaire d’Etat chargé du Numérique Cédric O oeuvrent particulièrement à faire rayonner les pépites françaises, en multipliant les annonces et dispositifs de financement nationaux et régionaux. Fin 2019, le Président Emmanuel Macron a promis d’irriguer l’écosystème avec 5 milliards d’euros supplémentaires à travers l’action de Bpifrance et la prise de participation dans de nouveaux fonds. Cette annonce, couplée au dévoilement du Next40, envoie un message clair que le secteur public renforce son action.
Derrière les shortlists du Next40 et du FT120 (prochainement dévoilé), la French Tech entend montrer aux investisseurs étrangers que l’Hexagone mérite le détour. L’enjeu est important pour les startups françaises, puisque les tours de table avec une diversité d’investisseurs sont généralement plus larges : sur les 10 plus grandes levées de l’année 2019, 80% comptent au moins un investisseur étranger.
Derrière cette tendance d’ouverture se dresse toutefois un constat en demie-teinte : l’Europe (et la France) n’est pas encore assez mature pour soutenir le changement d’échelle des entrepreneurs. La nouvelle licorne Dataiku s’est ainsi tournée vers le marché américain, plus mature, pour changer d’échelle. Idem, Algolia a transféré son siège social de Paris à San Francisco pour mieux capter ce marché. Comme l’expliquait Kamel Zeoual (partner chez Serena Capital) à Vivatech 2019, l’attractivité de l’Europe est encore à construire, ce qui explique la faiblesse des investissements en Série B, C et les petits exits.
Ainsi, bien que l’investissement étranger ne cesse de se diversifier et croître en France (voir graphique ci-dessus), l’irrigation de l’écosystème doit également se confirmer à des stades de développement ultérieurs. Pour cela, la scène européenne doit encore gagner en maturité et se structurer, afin d’être plus qu’un simple agrégat de plusieurs marchés. L’action du FEI (Fonds Européen d’Investissement) est cruciale à cet égard, puisqu’il constitue un des principaux financeurs de nouveaux fonds européens. Cet investissement indirect a permis de financer plus de 3400 startups européennes depuis ses débuts en 1994 (source : FEI). Le Conseil européen de l’innovation (EIC) oeuvre également à structurer le marché européen : doté de 10 milliards d’euros, il opèrera en tant que financeur et investisseur pour soutenir les startups deeptech du continent.
5. Tendances de l’entrepreneuriat pour 2020
5.1. Les tendances sectorielles en 2020
L’année 2020 se présente pleines de promesses pour le financement mondial, au vu du dynamisme et de la maturité croissante de l’écosystème. Les tendances sectorielles vont également s’affiner, mettant en lumière de nouvelles technologies. Tour d’horizon des prédictions pour 2020 :
#HRtech 🧘♂️ Les attentes nouvelles des millenials en matière de bien-être au travail remettent en question l’organisation habituelle des entreprises et le rapport entre collègues. Services de livraison de fruits et snacks, cours collectifs de méditation ou yoga, plateforme de formation professionnelle, … les solutions se multiplient pour remettre les employés au coeur des considérations.
#IAxMedtech 🧠 Le machine learning appliqué à la Medtech n’en est qu’à ses débuts, aussi les années à venir vont voir ses applications se préciser et s’améliorer au fil des itérations. La Medtech britannique Babylon Health (qui a signé la levée de fonds européenne la plus importante de l’année), repose d’ailleurs sur cette technologie.
#Fintech 💸 2020 devrait voir plus d’un milliard de personnes effectuer un paiement via mobile (source : eMarketer). Les solutions de paiements mobiles et sans contact, les portefeuilles virtuels, les systèmes de haut-parleurs intelligents, les technologies de vérification d’identité utilisant IA et machine learning devraient engendrer de nombreuses opportunités.
#Blockchain 👩💻 Ultramédiatisé ces dernières années, le secteur de la blockchain n’a pas eu le degré de rupture tant attendu. Le creux de désillusion devrait être franchi dès 2021 selon Gartner, mais les applications se multiplieront d’ici là au-delà des cryptomonnaies dans les paiements, l’assurance, la santé, la finance ou encore les transports.
#Esport 🎮 L’esport attire non seulement les spectateurs (443 millions en 2019, source : Astralis), mais aussi les investisseurs : plus de 750 millions de dollars ont été levé dans l’industrie en 2019, à travers 130 opérations (source : Pitchbook). L’équipe d’esport danoise Astralis a d’ailleurs démontré le potentiel du marché en entrant en bourse début décembre.
#SilverEconomie 👴👵 Evalué à 3,7 billions d’euros en Europe, le marché de l’Age tech recèle de nombreuses opportunités. Le gouvernement français y a mis l’accent dès 2013 avec la réalisation d’une feuille de route et la création de l’ONG Silver Valley.
5.2. Les prochaines licornes françaises
L’année dernière, nous avions prédit que ces 10 startups suivantes deviendraient licornes d’ici 2021 :
- Actility
- Dataiku (devenue 🦄)
- Doctolib (devenue 🦄)
- ManoMano (a levé 110m€ en 2019)
- OpenClassrooms
- Scality
- Shift Technology (a levé 53m€ en 2019)
- Younited Credit
- Believe Digital
- Algolia (a levé 110m€ en 2019)
Pour découvrir notre top 20 des prochaines licornes, retrouvez l’article Medium de notre CEO Adrien ici !
5.3. Les aspirations féminines dans l’entrepreneuriat
L’année 2019 a été marquée par des engagements du gouvernement et des acteurs du milieu pour plus d’inclusivité et de représentation. Ainsi, la French Tech s’est engagée à ne sponsoriser que des événements ayant au moins 35% de participants femmes. La Charte SISTA, signée en octobre 2019, engage une cinquantaine de fonds à revoir leur qualification d’opportunités et le recrutement de leur équipe d’investissement.
A voir si les résultats seront visibles dès 2020 : si l’édition 2019 du Next40 a déçu par son manque de femmes, le listing du FT120 (dévoilé courant janvier) devrait être plus inclusif. A suivre.
L’année 2019 constitue une année structurante pour la French Tech. Plus structuré et dynamique, l’écosystème français a profité d’un bond du capital-risque et d’initiatives de tous les acteurs du marché. La France a toutefois encore beaucoup à faire pour rivaliser le Royaume-Uni et se maintenir face à la montée des pays nordiques.
La directrice de la Mission French Tech Kat Borlongan a ainsi été chargée d’élaborer une stratégie pour attirer les meilleurs talents en 2020. Et dans le contexte du Brexit, la French Tech entend bien tirer son épingle du jeu.
Rédigé par Anna Richard (Eldorado) et Iris Béran (Les Pépites Tech)
Bibliographie
- Venture Capital Barometer 2018, EY
- The VC Factor, FEI et Invest Europe
- Inside La French Tech, Sifted
- Next40 et FT120, Ambitions et moyens d’action du gouvernement, Actualités du droit
- Launching Europe’s unicorn factory, Sifted
- The Most Exciting Tech Trends for 2020, Forbes
- 92 femmes à suivre dans la Tech, Les Echos START